“Ça y est, trop de soleil, trop d’Ouzo, trop de féta, il est parti aux fraises, le chroniqueur, ascète qu’il était, il a pas supporté le trop plein de Grèce et il a viré neuneu !”

C’est sans doute ce que tu te dis, lecteur attentionné et prévenant, parfois un chouïa flatteur (ascète 🤭), mais toujours bienveillant.

Et bien non, enfin pas que je sache, j’ai pas viré croyant en une entité supérieure dirigeant mon destin, sinon il s’est vachement bien occupé du mien, et bien peu de celui de mes frères et sœurs ukrainiennes, gazaouies, somaliennes, j’en passe et des pires encore.

Non, le syndrome de Moïse m’est apparu hier, en pleine promenade dans les cailloux et le maquis piquant et sec de l’île d’Elafonisos, où nous campons, les B&B et nous, depuis quelques jours.

Tu t’interroges donc, oh lecteur maintenant que tu as mordu à l’hameçon, est-ce que ton humble chroniqueur aurait découvert une petite dizaine de Commandements originaux, laissés sur place par le dit Moïse qui, s’il les avait sans doute puissants, n’avait après tout que deux bras ?

Du genre “Tu ne couperas pas le wifi à 22:00 si tes enfants n’ont pas fini leurs devoir”, ou “tu n’éliras point de dirigeants s’ils sont corrompus, veules, vulgaires, bêtes, et orangés”, ou bien encore “ Addendum à “Tu ne tueras point” : les massacres de masse et de civils, genre Shoa, Khmer Rouges ou autres joyeusetés moyenne-orientales sont aussi compris dans le tarif”, ou encore “Tu laisseras chacun choisir librement son genre, car premièrement ça ne change strictement rien à ta vie, et deuxièmement, si ça leur fait du bien, ça fait ainsi du bien à tout le monde.”

Non, cher lecteur, point de nouveautés à ce sujet , on en reste aux dix connus et ressassés quoique peu suivis depuis quelques centaines d’années, l’actualisation passera probablement par un autre canal, divin ou pas, suspense …

Non, je fais là référence à un autre fait majeur de la vie du prophète, qui faut bien le dire en a quand même fait un paquet, une vie bien remplie, à tout le moins, non, il s’agit ici de l’épisode de la traversée de la mer rouge à pied sec.

“Voui, mais chroniqueur hasardeux et quelque peu fumeux, tu serais pas en train, tes plombs ayant fondu au pas trop doux soleil grec, de virer daltonien et de confondre la Mer Rouge et la Grande Bleue, par hasard ? De prendre un groupe de touristes en tongs et maillot du Real Madrid pour un peuple élu et persécuté ?”

Certes, certes, il y a là non pas similitude, mais analogie, comparaison et changement d’échelle. N’empêche, le syndrome était là, il m’a envahi l’espace d’une petite minute, puis, comme tout campeur saint-gallois qui se respecte et qui empiéterait par erreur sur ta parcelle délimitée par des lauriers en fleurs, il s’est retiré en souplesse avec un petit “Hoppla” d’usage.

Mais j’en ai gardé la trace, profondément ancrée dans ma rétine. Non, pas du campeur saint-gallois, joue pas à l’idiot, lecteur, du syndrome, évidemment.

“Bon, là, gentiment, va falloir conclure, cause que tu nous balades depuis un moment et on y pige que dalle à ton délire, chroniqueur en défaut de freinage !”

Alors voilà, détends-toi lecteur à bout de nerf, respire un bon coup, voire deux trois fois si nécessaire, et regarde la photo ci-dessous. Si tu choppes pas aussi à ton tour le syndrome, va consulter à choix ton ophtalmologue ou ton homme de foi, selon tes convictions, scientifiques ou spirituelles:

Tu la sens, cette force qui te pousse à ouvrir grand les bras et à crier à ton peuple “Mais que c’est bôôôô”.

Bon, c’est probablement pas ce qu’a dit le gars qui a fait sa première croisière sur le Nil avant de savoir marcher, mais c’est au moins une réaction bien humaine.

Elafonisos est magnifique, une petite île pelée à trois brasses du continent, mais des plages superbes et des touristes heureux. Et des couchers de soleil sympas. Tout ça pour toi, lecteur enfin libéré de ta corvée de lecture et prêt à laisser tes mirettes faire toutes seules le reste du boulot, le cerveau en mode économie d’énergie.

Enjoy, but surtout stay tuned, d’acc ?